vendredi 11 décembre 2015

Une Médaille pour Marisol

Aujourd'hui, je vous présente une scène romancée qui aurait pu se dérouler dans une partie idéale de Femmes de pouvoir. Elle est adaptée de la source d'inspiration principale du jeu, la série TV Devious Maids, qui est par ailleurs très bonne et que je vous invite vraiment à regarder. Je l'ai choisie car j'aime bien la façon dont elle se résout : d'un point de vue rôlistique, on pourrait dire que le joueur s'en serait sorti "au roleplay", là où le rôliste moyen a souvent, en situation épineuse, le réflexe de ratisser sa feuille de personnage pour trouver la compétence qui va lui sauver la mise. C'est ce genre d'actions que je souhaite voir avant tout dans Femmes de pouvoir, et je l'aurais probablement récompensée par une Médaille en Tempérament !



Marisol traversa le couloir d’un bon pas. Elle avait déjà fait suffisamment attendre le docteur Penrose, et il ne fallait pas éveiller ses soupçons. Elle caressa discrètement la carte d’accès qu’elle lui avait subtilisée, et soigneusement cachée dans un pli de sa robe, avant de frapper à la porte de la chambre.

« Excusez-moi, monsieur ? »

Pas de réponse. Marisol approcha son oreille du bois massif. Il n’y avait aucun bruit. Sans hésiter, elle rentra quand même dans la chambre. Celle-ci semblait vide : pas de trace de Penrose. La jeune femme fronça les sourcils. Alors qu’elle avançait au centre de la pièce, elle entendit soudain la porte se refermer derrière elle. Surprise, elle fit aussitôt volte-face. Penrose était là, en peignoir, la main sur le loquet.

« Oh... bonjour » lança-t-elle avec un sourire poli. « J’ai rapporté votre pantalon. »

Le docteur verrouilla la porte et fit quelques pas dans la pièce, en fixant intensément la femme de chambre.

« Vous n’aviez pas besoin de renverser un verre dessus pour me le faire enlever. Il n’y avait qu’à demander. »

Le coeur de Marisol fit un bond. Alors que Penrose se rapprochait dangereusement d’elle, elle se déroba et eut tôt fait de rétablir une distance de sécurité. Afin d’éviter que sa manœuvre ne prenne des allures de fuite, elle s’employa sans tarder à plier le pantalon sur le bord du lit.

« Je... pense qu’il y a eu comme un malentendu. »

« Vraiment? Et n’y a-t-il pas moyen de transformer ce malentendu en accord? »

Marisol se redressa, et fixa Penrose à son tour.

« Pardon ?! »

« J’ai à mon actif un patrimoine considérable », expliqua le docteur avec un sourire suffisant. « En échange d’un peu de gentillesse, je peux offrir une compensation phénoménale. »

« Non merci », ponctua Marisol après un instant de silence.

Elle fit un pas en direction de la porte. Penrose en fit deux, et lui barra la route.

« Vous êtes sûre ? J’ai les moyens de changer votre vie. »

« Je préférerais que vous vous changiez », rétorqua Marisol en lui tendant son pantalon.

Aussitôt l’eut-il saisi que Penrose envoya le vêtement valser.

« Non, merci... Il fait un peu chaud ici, vous ne trouvez pas ? » railla-t-il.

La femme de chambre croisa les bras. Elle savait qu’il lui fallait tenir tête. Si elle montrait le moindre signe de faiblesse, l’homme allait lui sauter dessus. Elle soutint son regard, et son sourire arrogant, avant de lâcher :

« Vous êtes vraiment sans gêne... »

« C’est comme ça que le monde fonctionne... »

Penrose fit un pas en avant. Marisol fit un pas en arrière. Mais elle ne baissa pas le regard.

« Si vous faites encore un pas de plus, je vous frappe. »

« Je dois vous prévenir, j’adore qu’on me résiste, je trouve cela très excitant... »

« Vous avez dix secondes pour vous écarter de mon chemin », menaça Marisol en détachant bien chaque syllabe.

« Sinon quoi? »

« Huit, sept… »

« Six, cinq… », continua l’homme, amusé.

« Je suis sérieuse ! »

« Oh, j’ai hâte de voir comment cela va se finir », nargua le docteur, avant de finir d’une traite le décompte.

Marisol était prise à son propre jeu. Penrose continuait à se rapprocher d’elle comme un prédateur prend le temps de s’approcher avant de bondir sur sa proie. Alors qu’il l’acculait dans un coin de la pièce où se trouvait une table de nuit, elle aperçut une source de lumière du coin de l’œil. Elle ne détourna pas le regard, mais à la faible sensation de chaleur sur sa peau, elle réalisa qu’il s’agissait d’un chandelier. Alors elle s’arrêta et esquissa un sourire désolé tout en haussant les épaules. Sans se précipiter, elle se tourna vers la gauche et saisit une bougie.

« Qu’est-ce que vous faites ? » s’enquit Penrose en fronçant les sourcils.

Sans hésitation, Marisol approcha la flamme du rideau qui était accroché à ses côtés, et fixa l’homme avec un air de défi. Le tissu commença à s’embraser.

« Ca va pas ?! Vous êtes dingue ?! Marisol, vous avez perdu la tête ?! A l’aide ! Au feu ! Allez trouver quelqu’un ! »

La jeune femme souffla la bougie et la lâcha au milieu de la pièce, qu’elle traversa avec une nonchalance insolente. La main sur la poignée de la porte, elle se retourna une dernière fois.

« Vous savez quoi? Vous aviez raison, il commence à faire chaud ici. »

Puis elle quitta la chambre, satisfaite de sa prestation, laissant le pauvre docteur agiter un coussin pour tenter de maîtriser l’incendie.
  • D’après Devious Maids, saison 1 épisode 4, « Making Your Bed »